METAL PULSE #1 : Interview de Ba Bar

Bar atypique qui refuse de plier face à l'uniformisation. Yvan cultive la diversité : du black contemplatif aux prog tortueuses, chaque style trouve sa famille. Un bastion où la magie opère encore, soutenant l'underground.

Dans cette France où les petites salles ferment une à une, où la culture indépendante vacille sous les coups du pragmatisme économique, il reste des lieux qui défendent autre chose. Des bastions.

Comme Les Triplettes Social Club, ce bar atypique, ne se contente en effet pas d'accueillir Metal Pulse, la soirée de médiation culturelle autour du metal organisée par Le Petit Salon de Metal, et ses découvertes underground. Ici, Yvan cultive une philosophie simple : la diversité comme rempart contre l'uniformisation. Du black metal contemplatif aux sonorités prog les plus tortueuses, chaque style trouve sa place dans cette famille élargie où les rencontres naissent autour d'un verre et d'une passion commune.

Mais parler de Les Triplettes Social Club aujourd'hui, c'est aussi parler de résistance. Cette résistance silencieuse des lieux qui osent encore parier sur l'inconnu, sur ces groupes moins connus qui portent pourtant l'avenir de nos scènes locales. Car oui, le public metal est exigeant. Difficile à satisfaire, peut-être. Mais c'est justement cette exigence qui pousse vers l'excellence et la découverte. Une photo au bar. Une gamine sur scène avec Black Bomba. Des instants qui rappellent pourquoi on se bat, pourquoi certains continuent de croire que la magie opère encore dans ces écrins de proximité.

Rencontre avec ceux qui maintiennent la flamme et ici en particulier avec Ba Bar, barman de Les Triplettes Social Club

Question 1

Les triplettes accueillent régulièrement des concerts et des soirées à l'atmosphère unique. Qu'est ce qui, selon vous fait la force et l'âme d'un lieu comme le vôtre, au-delà de la simple programmation musicale ?

Réponse : Déjà, ce qui rend le lieu unique, c'est tout bonnement le côté atypique. Il me semble ne jamais avoir vu un groupe ne pas tomber sous le charme des triplettes. Ensuite, Yvan, le patron, s'efforce de programmer de tout style, pour que tout le monde puisse s'y retrouver et venir découvrir des groupes uniques. Les triplettes ont une âme, un fonctionnement bien particulier, aux antipodes d'un concept de bar à concert classique. Ici, c'est juste une grande famille. Personne ne se retient de boire un verre, il y a toujours des rencontres à faire, partager et tailler le bout de gras. Peu importe que tu sois punk, metalleux, dubber, jeune ou vieux, si tu viens en famille, avec tes enfants, ici c'est un lieu de cohésion et de partage. Et on fait tout notre possible pour que cela perdure. En créant cette atmosphère, les groupes le ressentent et construise une accessibilité et une proximité avec la clientèle, et voir toutes ces personnes avec la banane car ils ont partagé juste un instant rien qu'à eux avec leurs groupes préférés, cela n'a pas de prix. Évidemment, le fait d'avoir des concerts, en est vecteur de bonheur, et dans le monde actuel, cela est important.

Question 2

Dans une époque où beaucoup de salles ferment ou se transforment, quel sens donnez-vous au fait de soutenir la scène locale et d'ouvrir vos portes à des événements comme Metal Pulse ? Qu'est-ce que cela apporte à la communauté, et à vous personnellement ?

Réponse : En effet, et on ne va pas se mentir, la conjoncture actuelle est plus que compliquée, nous constatons régulièrement, les fermetures de lieu de culture musical, cela n'est jamais bien rassurant. Continuer aujourd'hui à produire des événements comme Metal Pulse, les punkparty etc. C’est un pari. Évidemment, demain on pourrait tout changer, faire du Blind test, du karaoké et des cover de Johnny Halliday pour remplir les caisses, mais on a une ligne de conduite, et on la maintiendra le plus longtemps possible, au plaisir de nos détracteurs… Travailler sur des formats différents comme Metal Pulse, nous permets d'abord d'avoir une meilleure visibilité sur des courants musicaux underground. Nous pouvons avoir la chance d'avoir des groupes que l'on n'aurait pas spécialement envisagé. Travailler conjointement avec Le Petit Salon de Metal, nous fait du bien. On peut axer certaines soirées dans un mode un peu plus underground, donner plus de visibilité sur nos groupes de métal de la région mais aussi de France et de Navarre. Même si cela est toujours une prise de risque des deux côtés, car on le sait bien, le public métalleux est difficile à bouger et satisfaire. Il faut que les gens prennent conscience de la chance d'avoir un lieu comme les triplettes, ainsi qu'une prog qui corresponde à tout le monde, il faut juste qu'ils essaient d'être curieux et ouvert à la découverte, et c'est cela peut être que je trouve triste : le monde n'est plus curieux et avide de découvertes... Donc pour moi, faire une soirée comme Metal Pulse est très important, cela prouve à la communauté, notre engagement à rester sur notre ligne de conduite, à vouloir faire connaître et découvrir le plus de groupes possibles, c'est notre façon de montrer notre soutien, y compris pour la scène Metal Extrême.

Question 3

Le bar est souvent le cœur battant d'une soirée, un espace de rencontres et de partages. Avez-vous une anecdote ou un souvenir marquant d'un concert qui vous a touché, et qui illustre ce lien spécial entre le public, les artistes et le lieu ?

Réponse : Des anecdotes, je pense que je peux en écrire des livres tellement il y en a. Une qui m'a touché particulièrement, c'était pour un concert de Black Bomb A. Où la fille d'une de nos clientes, grande fan, a pu monter sur scène et chanter. Cet instant a été figé dans le temps, la photo est imprimée au bar, et quand je la vois, ça me rappel pourquoi on se bat. Ce combat pour la culture underground est une quête de chaque instant et s’il est naturel de penser qu’il faut soutenir les groupes encore ne faut-il pas oublier que sans tissu associatif solide associé à des lieux, y compris privés, comme Le Triplettes Social Club, les groupes n’auraient nulle part où jouer et rencontrer leur public.
Et donc, public, c’est aussi à toi que nous nous adressons car c’est bien par ta présence et ton soutien régulier que les groupes, les associations et les lieux peuvent exister, encore, et essayer de te faire vivre ta passion en live.

Ce combat pour la culture underground est une quête de chaque instant et s’il est naturel de penser qu’il faut soutenir les groupes encore ne faut-il pas oublier que sans tissu associatif solide associé à des lieux, y compris privés, comme Le Triplettes Social Club, les groupes n’auraient nulle part où jouer et rencontrer leur public.

Et donc, public, c’est aussi à toi que nous nous adressons car c’est bien par ta présence et ton soutien régulier que les groupes, les associations et les lieux peuvent exister, encore, et essayer de te faire vivre ta passion en live.

Enfin comme toujours, retrouvez ce que LYRA et MAGNUS peuvent avoir à dire sur cet article !