METAL PULSE #1 : Interview de ETWAS

Etwas explore l’occultisme et l’authenticité dans un metal symphonique immersif. Le groupe partage sa vision artistique, son rapport à la scène actuelle et dévoile ses projets à venir dans une interview exclusive

METAL PULSE...

Dix lettres, deux mots... Une première édition !

Dans la lignée des entretiens menés avec Skaphos et Ashen Heart, Le Petit Salon de Metal poursuit son exploration des univers singuliers qui façonnent la scène metal française. Aujourd’hui, c’est au tour d’Etwas de se prêter au jeu de l’introspection et de la confidence.

Groupe à l’identité marquée, Etwas s’impose par une musique nourrie de références ésotériques et une esthétique immersive, où chaque note et chaque mot semblent ouvrir une porte vers l’invisible. À travers cette interview, nous découvrons ici leur démarche artistique, entre occultisme assumé, quête d’authenticité et réflexion sur l’évolution d’une scène parfois tiraillée entre surmédiatisation et profondeur. Laissez-vous guider dans ce cercle où la musique devient une nouvelle fois en rituel, et où l’expérience sensorielle se veut totale, à la croisée de l’ombre et de la lumière.

Question 1

Votre musique est nourrie de références ésotériques, rythme d'une identité artistique marquée. Selon vous, qu'est-ce qu’Etwas cherche à exprimer ou à transmettre d'essentiel à travers cette démarche, au-delà de la musique elle-même ?

Nous nous sommes retrouvés autour d’un intérêt commun : l’occulte et l’invisible. Il est plus facile de parler d’un thème ou d’un sujet quand on en est passionné. La musique transmet certes des émotions mais selon la façon de faire, elle peut aussi transmettre des images. Tout comme les musiques de compositeurs sont les pendants complémentaires du cinéma, nous composons nos morceaux autour d’un thème, de notions visuelles, pour une expérience immersive. On met son casque, on appuie sur « Play », on ferme les yeux, et la magie opère. On se retrouve au milieu d’un rituel, d’un cercle de sorcellerie, dont chaque mélodie oscille entre ombre et lumière. Nous cherchons à captiver l’auditeur avec les notes mais également avec les mots qui sont autant d’invitations à nous rejoindre et à ne pas rester simple spectateur. Nous avions commencé à aborder les thèmes occultes et sataniques avec « Enochian Keys » et les avons davantage développés avec « Rites of the Damned ». Les paroles sont à la fois précises et abstraites pourque chacun puisse en faire sa propre interprétation, une sorte de tableau dont les lignes principales sont tracées pour que l’auditeur puisse ajouter, selon son ressenti, son propre clair-obscur. C’est ce que l’on essaie aussi de transmettre au-travers de nos différents clips, en alliant ces valeurs d’occultisme qui restent plutôt anciennes à la modernité d’un metal symphonique, entre growl sépulcral et voix lyrique. Cela démontre aussi que des thèmes aussi sombres ne sont pas toujours le monopole des groupes de black metal pur et dur et qu’il est possible de penser différemment sans avoir à sacrifier des nourrissons sur un autel.

Question 2

Aujourd'hui, une certaine partie de la scène metal bénéficie d'une surmédiatisation avec une esthétique parfois lissée, voire hypersexualisée, notamment autour des figures féminines. Comment Etwas se positionne-t-il face à ces tendances, surtout avec une chanteuse à la démarche artistique et poétique féminine ? Quelle place accordez-vous à l'authenticité et à la profondeur dans votre expression scénique et musicale, en contraste avec ce phénomène ?

A la différence de certains groupes dont la notoriété sefait grâce/à cause de la chanteuse, nous sommes une unité pleine et entière. Etwas, c’est Victoria, Silver, Florian et Clément. Il n’y a pas de groupe avec un seul ou sans l’un d’entre nous. Je suis la chanteuse, je n’ai pas d’autre choix que d’être sur le devant de la scène, mais ce n’est pas l’objectif premier : je fais partie du groupe, je suis dans le groupe, j’écris et je compose mes lignes comme mes comparses musiciens. Ce que nous voulons avant tout, c’est que les gens écoutent notre musique parce qu’ils l’apprécient, parce qu’ils aiment notre univers, et non qu’ils se focalisent sur une personne en particulier, même si dans la majorité des cas le chanteur est représentatif du groupe. Pour moi, l’hypersexualisation est contreproductive et relègue la musique à un plan plus que secondaire, alors que c’est le but d’un groupe. Les musiciens sont bons et s’éclatent sur scène, alors pourquoi les dissimuler derrière un décolleté ou une jupe courte ?

 

Question 3

Est ce que vous ressentez une forme de nostalgie face a l'évolution de la scene metal ? Si oui, est ce que ce sentiment influence votre inspiration artistique ?

Oui et non. Oui, parce qu’il y avait moins de groupes et que les choses étaient certainement plus faciles en tant que musiciens fin 1990, début 2000,pour se produire. Je regarde parfois des lives de groupes comme Dimmu Borgir ou Cradle of Filth dont la renommée n’est plus à refaire, j’écoute leurs premiers albums, et j’ai l’impression qu’il n’y avait pas autant de frein à leur expression. Les scènes étaient plus ouvertes, les salles plus remplies. Aujourd’hui, outre la nouvelle direction que prend le metal qui devient de plus en plus mainstream, qui perd terriblement de son essence, il est très compliqué de trouver des salles pour y jouer, parce que la musique ne correspond pas toujours ou parce que les gérants pensent ne pas remplir la salle… Les gens ne bougent plus autant qu’avant et privilégient les gros groupes sur les gros festivals, ce qui laisse peu de chances aux groupes émergents de se faire connaître. Il y a heureusement des associations comme Le Petit Salon de Metal (on a d’ailleurs hâte de pouvoir travailler avec vous, merci pour votre confiance) et Victory Productions (on remercie encore Olivier qui nous booke régulièrement sur de super concerts), des salles indépendantes comme la Secret Place à St Jean de Vedas (34), L'Altherax à Nice, qui sont constituées de gens passionnés et qui permettent à des artistes de pouvoir faire découvrir sa musique et de partager avec un public. Même si les scènes sont plus fermées, nous ne cherchons pas à changer notre musique pour y rentrer. Nous jouerons moins, mais nous serons authentiques. Et non parce que malgré le côté plus accessible de certains groupes, d’autres se sont durcis considérablement et ça donne naissance à des pépites comme Shadow of Intent, The Devils of Loudun, A Night in the Abyss, She Must Burn…

 

Question 4

Pouvez vous nous parlez de vos actualités récentes et à venir ?

Nous travaillons depuis le début d’année sur notre troisième album qui obscurcira encore plus notre discographie. La pochette est prête, les titres sont écrits, nous sommes sur les préprods pour caler toutes les paroles, toutes les mélodies, avant l’enregistrement définitif, que nous continuerons sur le même schéma que les précédents albums : tout en autoproduction. Nous n’avons pas encore de date de sortie mais nous communiquerons sur les réseaux de l’avancée. Nous sortirons aussi, comme à notre habitude, des clips à l’esthétique aussi soignée que ténébreuse. Nous avons aussi deux concerts de prévu en 2025, celui évidemment de septembre, mais aussi un en octobre aux côtés de Ashen Heart et de Voices of Hecate. Quelques concerts se profilent aussi pour 2026. Pour ma part, je m’occupe personnellement de la fabrication de certains articles du merch et, pour les concerts de cette année, il y aura une petite nouveauté, et en quantités limitées… Merci au Petit Salon de Metal pour cette interview et de nous permettre de nous exprimer à travers ces quelques questions et sur scène.

Et comme toujours pour conclure, un live du groupe et donc "The Masque Of The Red Death"

Et LYRA et MAGNUS pour conclure !